« Pour moi, être mère signifie exercer une maternité sur un monde, un enfant, tout ce qui est précieux, tout ce dont on ne peut permettre qu’il disparaisse et périsse à la surface de la Terre. » Clarissa Pinkola Estes, extrait de Libérez la femme puissante
Sur cette page, vous trouverez des textes qui m'ont touchée et qui parlent de transmission de mère(s) à fille, des mères réelles ou symboliques, archétypales (Mère sauvage, Mère intérieure, Mère universelle). Voici un aperçu des textes/thèmes proposés dans cet article :
> Toutes les mères (Clarissa Pinkola Estès) > La lignée de coeur (Maya Angelou) > Va où ton coeur te porte - message d'une grand-mère (Susanna Tamaro) > La Mère intérieure - Brigitte Laurent > La Mère sauvage - Monique Grande > Rappelez-vous de dire à vos filles de Shiloh Sophia (traduit par mes soins) > Et si la transmission, c’était juste une histoire de poupées russes ? - Amandine Lagarde > Tu seras une femme, ma fille - Amala Klep Kremmel > Ces filles qui m’ont fait devenir mère - Plume Blanche > La sororité - Bérengère Kolly
> La maternité spirituelle - Audrey Fella > La Mère universelle - Lise Bartoli >La mère divine, Notre Mère à tous - Clarissa Pinkola Estès Par ailleurs, je parle dans cet article plus spécifiquement de l'accompagnement de nos filles en amont de leurs premières règles et du chemin intérieur que cela peut nécessiter...
Enfin, une approche originale : la blessure du féminin sous son aspect maternel ou guérir la blessure Mère par Bethany Webster, un article traduit en français par Michèle le Clech
Toutes les mères - Clarissa Pinkola Estès
"Même si vous avez eu la mère la plus merveilleuse du monde, il n'est pas impossible que vous en ayez d'autres. J'ai souvent dit à mes filles : « Une mère vous a donné le jour, mais avec un peu de chance, vous en aurez d'autres et vous trouverez en elles tout ce dont vous avez besoin ou presque. » Vos relations avec todas las madres, les nombreuses mères, seront vraisemblablement des liens durables, car on a toujours besoin d'être guidée et conseillée, et il doit d'ailleurs en être ainsi du point de vie créatrice des femmes.* Ces liens entre femmes, qu’ils soient liens du sang ou affinités psychiques, rapport entre analysante et analyste, relation de professeur à élève sont d'une importance capitale."
* (note de l'auteure) "C'est l'un des mythes les plus stupides qui soit sur le passage à l'âge adulte : la femme serait complète, elle n’aurait besoin de rien et serait pour les autres et en tous domaines comme une fontaine. Eh bien non, elle continue à être comme un arbre qui a besoin d'air et d'eau, quelque soit son âge. La vieille femme est pareille à l'arbre ; pas de finalité, ni d'achèvement soudain, mais plutôt une majesté de racines et de branches et, avec les soins adéquats, une floraison conséquente. " Clarissa Pinkola Estès, extrait de Femmes qui courent avec les loups p.258 La lignée de coeur - Maya Angelou "Mes remerciements aux femmes qui ne sont pas nées de moi mais qui me permettent d’être une mère pour elles." Maya Angelou
Dans Lettre à ma fille, Maya Angelou s'adresse à la fille qu'elle n'a jamais eue et à toutes les filles qu'elle a considérées comme siennes. "J'ai donné naissance à un seul enfant, un garçon, mais j'ai des milliers de filles. Je m'adresse à elles toutes. Ceci est mon legs." dit-elle en préambule. Aussi, elle remercie nominativement douze femmes "qui se sont laissées materner par elle", cinq femmes "qui ont su la choyer pendant les jours sombres et lumineux" et enfin celle "qui l'a laissée être sa fille", partageant ainsi sa lignée de coeur dans un profond sentiment de gratitude et de sororité".
Ainsi nous pourrions nommer puis honorer nos nombreuses mères (et filles), qu'elles soient de sang ou de coeur, réelles, spirituelles ou symboliques (comme la Terre Mère) et les multiples façons d'être mère...
Va où ton coeur te porte - Susanna Tamaro
J'ai eu envie de mettre ce texte à l'honneur, car la lecture de ce livre à l'aube de mes vingt ans m'a profondément marquée, parfois on trouve des mères et des grand-mères dans la littérature...

"Sois la première et la plus importante. Lutter pour une idée sans avoir aucune idée de soi est une des choses les plus dangereuses que l’on puisse faire. Chaque fois que tu te sentiras perdue, indécise, pense aux arbres, souviens-toi de leur façon de pousser. Souviens-toi qu’un arbre avec beaucoup de feuillage et peu de racines peut être déraciné au moindre coup de vent, tandis que, dans un arbre avec beaucoup de racines et peu de feuillage, la sève court difficilement. Racines et feuillage doivent pousser dans les même proportions, tu dois être dans les choses et au-dessus, ainsi seulement tu pourras offrir ombre et refuge, te couvrir de fleurs et de fruits quand ce sera la saison. Et puis, quand plusieurs routes s’offriront à toi et que tu se sauras pas laquelle choisir, n’en prends pas une au hasard, mais assieds-toi et attends. Respire profondément, avec confiance, comme le jour où tu es venue au monde, sans te laisser distraire par rien, attends encore et encore. Ne bouge pas, tais-toi et écoute ton cœur…Puis, quand il te parlera, lève-toi et va où il te porte." Susanna Tamaro, extrait de "Va où ton cœur te porte" - Art photo Adie Sotto
La Mère intérieure - Brigitte Laurent
"Notre relation au maternel dépend bien évidemment de ce que nous avons vécu avec notre mère. Le plus souvent, la mère est bien intentionnée, mais elle n’est pas « parfaite » et ce qui peut faire souffrance pour l’enfant, c’est le décalage entre la façon dont l’aime sa mère et la façon dont il.elle a besoin d’être aimé. La mère intérieure est un aspect de notre psyché qui reproduit ce que nous avons expérimenté dans notre enfance avec notre mère. Mais cette mère intérieure est aussi constituée par notre expérience d’autres figures maternelles que nous avons croisées, et par toutes les images culturelles de la « mère » dont nous avons été imprégnées. La relation que nous avons eu avec notre père, dans ses dimensions maternelles, participe également de la construction de cette mère intérieure.
La mère intérieure que nous avons intégrée va déterminer notre relation à nous même, notre relation à nos enfants, réels et/ou symboliques, et notre relation aux autres. Comme nous avons été traités enfants, nous nous traitons nous même une fois adulte, et comme nous nous traitons, nous traitons les autres ou nous les laissons nous traiter. Si dans notre enfance nous ne nous sommes pas sentie importante par exemple (ce qui ne veut pas dire que nous ne l’étions pas), une fois adulte nous allons continuer à nous considérer comme pas importante et nous allons laisser les autres nous traiter comme si nous n’étions pas importante. Nous considérerons aussi que nos idées, nos projets, nos créations, ne sont pas importantes.
Il n’est pas possible de modifier le passé et nos premières expériences de vie. Mais il est tout à fait possible de changer le présent et donc la façon dont nous nous traitons. Même pour les femmes qui ont vécu une relation destructrice avec leur mère dans l’enfance, il est possible de reconstruire la mère intérieure et de faire cicatriser les blessures. C’est cela que veut dire ‘devenir une bonne mère pour soi ». Et c’est ce qui permet par la suite d’être une « bonne » mère pour les autres. Je vous rappelle qu’une « bonne mère » ce n’est pas une mère parfaite, c’est une mère « suffisamment bonne » (concept emprunté avec beaucoup de joie à Winnicott!).
Dans cette réparation de la mère intérieure, intervient alors la Mère Sauvage (terme de Clarissa Pinkola Estes). S’il est important de couper le « cordon psychique » avec notre mère, il est fondamental de chercher et de nous connecter à notre mère sauvage, mère emplie de sagesse, qui nous aide à nous connecter à notre nature profonde, à notre richesse et à notre puissance intérieure." Brigitte Laurent
La Mère sauvage - texte de Monique Grande
"Dans les contes de fées, un des plus grands professeurs de vie est sans doute représenté par l'abominable sorcière Baba Yaga. Baba Yaga est une figure marquante des contes slaves. Dotée de pouvoirs surnaturels, elle dispense son enseignement à travers deux facettes complémentaires, représentant à la fois l'ennemie de l'héroïne - en général une jeune personne inexpérimentée - et sa bienfaitrice. (...) Marâtres et sorcières nous montrent combien la nature peut être imprévisible. Elles nous entraînent dans le grand combat de la vie pour affronter l'insupportable et savoir tenir par grand vent."
"Les contes et les mythes ne parlent pas de paradis féminin, bien au contraire. Ils éclairent les mises à l'épreuve que nous traversons et la manière dont nous pouvons récupérer notre nature sauvage pour courir, danser, peindre, faire l'amour et donner la vie. En tant que Mères sauvages, ces figures maléfiques nous apprennent à côtoyer la boue et la lumière, à laisser vivre et à laisser mourir, à tisser tout au long de votre destin les fils de la force et de la douceur de manière lucide.
C'est pourquoi, sans en être consciente, nous rencontrons de nombreuses sorcières dans notre existence. Ces sorcières modernes nous montrent que rien n'est donné facilement aux femmes. De manière souvent abrupte, elles déséquilibrent pour un temps notre existence, comme pour dévoiler quelle vérité se cache derrière les apparence sociales, familiales, amoureuses. Elles nous poussent à déployer nos ailes et à ouvrir des voies nouvelles. Elles peuvent prendre les traits d'une personne qui nous donne du fil à retordre, d'une hiérarchie qui nous pousse sans cesse à poser des limites quand elle en demande trop, d'un être que vous croyiez aimable et qui vous en fait voir pis que pendre, de la méchanceté soudaine d'un membre de la famille, d'un évènement traumatisant qui vous ouvre les yeux en quelques secondes... La liste est longue des leçons envoyées par la Mère sauvage quand elle cherche à vous pousser hors du nid douillet pour gagner en force et en liberté."
Extrait de De mère à fille, de fille à mère - Transmettre un féminin libre et éclairé de Monique Grande (Ed. Trédaniel)

"Rappelez-vous de dire à vos filles d'écouter l'histoire que leur corps raconte, d'utiliser leur esprit plein d'imagination, de laisser leur cœur leur montrer le chemin.
Dites-leur que leurs yeux peuvent voir l'invisible, leurs oreilles entendre le rythme de la Terre, leur nez pressentir les sentiers cachés.
Dites-leur que chacune de nous a ses propres informations, que nous sommes les auteures de notre propre histoire, que nous pouvons choisir comment nous montrer.
Dites-leur que tous les systèmes ne sont pas adaptés à nous, que certains sont conçus pour nous limiter ; invitez-les à remettre en question toutes les structures !
Dites-leur que leur créativité n'a rien à voir avec le talent ; elle est l'accès à leur monde intérieur et les conduira à leur mission de vie.
Dites-leur qu'elles ont un lien direct avec le divin, que leur intuition est un cadeau à explorer et qu'il leur appartient de développer leur conscience.
Rappelez-vous de dire à vos filles que nous ne pouvons pas faire tout cela seules, nous n'avons pas à le faire seules. Rassemblons-nous toutes en cercles pour hurler à la Lune !"
Shiloh Sophia - « Remember to tell your daughters » (traduction par mes soins)
Un grand merci à Maëlla pour sa participation (en photo) et merci à sa mère pour l'autorisation.

« Petite, j’imaginais ma lignée de femmes comme un encastrement de poupées russes. Moi bien en sécurité au centre, enveloppée par ma mère, ma grand-mère, et mes ancêtres disparues. C’était si doux d’être la plus petite poupée. J’ai compris récemment, en voyant une image illustrant une petite fille dans le ventre de sa mère, et portant déjà toute une vie d’ovules, que je n’étais pas si loin de la réalité.
Et si la transmission, c’était juste une histoire de poupées russes ? Être contenue, jamais oppressée. Savourer la certitude d'occuper sa juste place ; s'autoriser, pourtant, à quitter le clan, à se défaire, à s'ouvrir, à s'éloigner de sa lignée... et à revenir. Trouver autant de sources d'inspiration qu'on distingue de poupées autour de nous ; grandir, accueillir et envelopper une, puis deux, puis toute une cascade de petites poupées.»
Amandine Lagarde, doula (extrait de l'article "On m'a dit que j'avais ses yeux" Rêve de femmes N°51 - Grand-Mère petite fille, une transmission essentielle)
****
"Mes matrimoines du temps passé, vous qui vivez, il y a quatre cinq,six ou sept génération,
Agnès, Sophie, Julia , Regina, Caroline, Amalia, Bertha,
je vous salue à travers vos nappes et vos drapés blancs.
Je pense à vos destins de femmes courageuses et fortes.
Vous avez cueilli les fruits de la vie, vous l'avez transmises elle m' a traversé à mon tour.
Ne m'en veuillez pas, je suis fille de mots et de papier...
Votre arrière petite fille a troqué l' aiguille pour le porte stylo et le stylo électronique...
Lydia Flem ''Comment j' ai vidé la maison de mes parents »
****
"Toutes les mères sont des exemples à part entière dans leur manière d'être, dans leur façon de voir le monde et de le créer suivant leurs propres codes. J'invite ici toutes les mères que nous sommes à nous interroger, à sortir des normes maternelles imposées par la société, du je dois, il faut, pour oser nos imperfections, oser nous re-materner positivement - c'est-à-dire oser être une bonne mère pour nous-mêmes afin d'incarner auprès de nos filles un esprit libre et léger. Nous comporter en éveilleuse avec nos lignées féminines pourrait s'avérer être une source miraculeuse." Monique Grande (extrait de De mère à fille, de fille à mère) ***
« Un poème de moi à vous, de nous à elles... Pour que nos filles, intérieures et extérieures, aient, elles aussi, un parchemin pour traverser la vie. Rudyard Kipling en a offert un aux hommes, il était temps que nous ayons le nôtre. » Amala
Poème à l'attention de nous autres, femmes, qui n'avions pas eu la chance d'être adressées par le magnifique poème de Rudyard Kipling (vous pouvez l'écouter ici, lu par six femmes (dont Amala)

« Tu seras une femme, ma fille
Si tu peux écouter les avis qui t’entourent Sans les prendre pour acquis ni te braquer d’emblée Comprendre que chacun regarde le monde autour Pour y trouver du sens ou y panser ses plaies
Si tu peux reconnaître dans tes yeux la beauté Te libérer du doute, des critiques et des peurs Apercevoir l’ombre dans ton intimité Avant de t’écrier qu’on vole ton bonheur
Si tu peux prendre soin de ce corps merveilleux Qui t’offre de vibrer aux cycles de la Lune Et relier ton cœur à la Terre et aux cieux Honorant la Déesse en laquelle nous sommes Une
Si tu peux prendre amant, sans chercher à combler, Ou un homme tendre et fort, dont l’âme épouse la tienne Si tu peux le guider pour être apprivoisée Et par lui découvrir tes dons et ce qui saigne
Si tu peux pardonner la faiblesse de tes mères Et voir au travers d’elles la flamme divine des sages Quand le soir tu t’endors remercier leurs lumières Qui ont, comme elles ont pu, préparé ton passage
Si tu peux rêver grand et croire en l’impossible Si tu peux percevoir la voix des guides la nuit Confiante d’être aimée d’un amour indicible Qui ne te quitte pas même quand tu faiblis
Si tu peux retrouver les mains des autres femmes De vos danses, chants et mots guérir vos blessures Former ensemble un cercle qui unisse vos âmes Et inspirer les autres à baisser leur armure
Si tu peux accueillir les saisons des années Méditer leurs leçons et célébrer leurs rites Pour écouter le chant des expériences passées Et tisser leurs histoires en l’ouvrage de ton mythe,
Alors la Vie, ma douce, ma belle enfant en fleur, Sera à tout jamais ta plus fidèle amie Et ce qui vaut bien plus que les titres, les honneurs, Tu seras une femme, ma fille ! »
Amala Klep Kremmel /// Art : portrait de Claudia Tremblay
Ces filles qui m’ont fait devenir mère - Plume Blanche
"Je remercie profondément mes filles qui m’ont permis de me poser des questions, des questions sur ma lignée de femme, des questions autour du féminin sacré et bafoué, de la relation avec l’homme et sa place, de nos rôles, de notre réceptivité, de notre puissance, de notre créativité.
Elles m’ont appris à dépasser la dualité, douce réconciliation via la complétude et l’union.
Ce ne sont pas des réponses, mais des questions que je souhaite partager avec vous. Interroger notre âme, car l’âme-agit. Qu’est-ce que je souhaite transmettre ? Regarder notre lignée de femmes, d’où venons-nous ? Que m’ont transmis les femmes de ma famille ? Dois-je couper des liens qui ne sont pas dans mes valeurs, dans mon âme ? Quelle place avait l’homme chez moi ?
Être une femme dans un monde d’hommes. Oserai-je être une femme ou préférerai-je me comporter comme un homme ?
Je choisis l’harmonie ou le conflit ?
Je prends les armes ou je souris à la vie ? Je crie ou je chante ? Être mère.
Don de soi sans attente ou redevance ?
Élever, partager en respectant l’autre ou le façonner ? Mère universelle ou mère empoisonnante ?
Tu ne me dois rien ou regarde ce que j’ai fait pour toi ? Nos liens.
Les liens filiaux sont-ils plus importants que les liens d’âmes ? Ai-je un droit sur toi ? Ai-je des attentes pour toi ? Est-ce que je te respecte dans ton individualité ?
Femmes ? Quels sont nos rôles ? Avons-nous peur d’être des sorcières ? Avons-nous peur de notre puissance ? Osons-nous créer ? Reconnaissons-nous les prédateurs ? Quel est notre rapport avec la notion du sacrifice ? Pouvons-nous entrer dans notre douceur ? Crois-tu à la magie ? Te fais-tu confiance ? Aimes-tu ton corps ? Te juges-tu ? Écoutes-tu ton corps, tes ressentis ? Oses-tu être naturelle ? Aimes-tu les femmes ? Gratitude à mes filles, et à toutes ces jeunes filles qui entrent dans ma vie, belles, douces et rayonnantes.
Nous avons beaucoup à apprendre de vous, et de vos consciences éveillées. Je remercie aussi ma mère qui m’a appris à pardonner."
© Plume Blanche (extrait de la revue Rêves de femmes sur le lien mère-fille
La sororité - Bérengère Kolly
"La sororité dépasse la seule solidarité féminine puisqu'il y a la notion de sœur, qui implique une reconnaissance mutuelle. Il y a un jeu de miroirs : ce que je vois dans l'autre femme, comme sœur, je le vois chez moi. C'est une sorte d'union dans la désunion, un mouvement qui traverse les classes sociales, les différentes appartenances…(...) La sororité, c'est aussi l'idée que les femmes peuvent créer un lien elles, sans les hommes - ce qui ne veut pas forcément dire contre eux. Si on regarde les différentes figures féminines familiales (l’épouse, la mère, la fille), la sœur est la seule qui peut exister sans homme. Ce qui la rend subversive. (...) Depuis quelques années, il y a une émulation positive, les initiatives et les réseaux de femmes se sont multipliés. Je vois beaucoup plus de sororité que de compétition. Mais c'est vrai qu'en tant que femmes, on a grandi dans une culture qui nous était défavorable et on a nous-mêmes intégré des stéréotypes négatifs à notre égard. On s'est aussi fait mal du mal toutes seules. Mais tout ça commence peu à peu à être remise en question." Bérengère Kolly, chercheuse et auteure de "De nos soeurs séparées”
La maternité spirituelle - Audrey Fella

"La maternité n'est pas que physique (...). C'est accueillir et devenir le réceptacle de cette Vie, qui veut croître en nous. Voilà le sens du féminin pour les femmes comme pour les hommes. Cela va bien au-delà de la pulsion biologique, qui va de pair avec le besoin de durer et de posséder. C'est un état d'être, issu du désir profond, qui nous invite à nous désidentifier de notre personne pour découvrir et embrasser notre être, puis à unifier ces dimensions humaine et divine de nous-mêmes. Aussi est-ce un grand Oui qui nous est demandé. Un Oui inconditionnel à tout ce qui est et ce qui vient pour poursuivre notre chemin en confiance et incarner l'amour. Cette renaissance consciente devant nous permettre de nous ouvrir et de nous relier plus profondément aux autres, d'être plus humains et de renouveler le monde." Audrey Fella (Art : Josephine Wall)
La Mère universelle - Lise Bartoli
Dans son livre Dominer sa part d'ombre, Lise Bartoli évoque la Mère universelle comme faisant partie des archétypes issus de l’inconscient collectif (contes, mythologie) mais qui peuvent s’éveiller en nous grâce à notre imagination et représenter ainsi encore plus puissamment notre partie inconsciente, cette partie de nous qui saura trouver les « bonnes recettes ».
« La mère universelle est celle que l'on aurait souhaité avoir : celle qui cajole, qui caresse, qui contient. Celle vers qui on aime se réfugier quand on a mal ou quand on a besoin de recevoir de l'amour. Car la mère universelle donne de l'amour sans condition à qui en a besoin. Elle sait entendre et consoler les douleurs de l’âme. Elle enveloppe et réchauffe les cœurs qui pleurent.
Certains penseront à la Vierge Marie. D'autres imagineront peut-être leur grand-mère disparue ou une adulte consolante qu'ils auront croisée lorsqu'ils étaient petits… Peu importe l'apparence que prend la mère universelle, c'est son rayonnement qui importe. Un rayonnement chaud et chaleureux, comme le ventre maternel. Un rayonnement dans lequel on a envie de se loger et de se laisser porter. » Lise Bartoli Notre Mère à tous - Clarissa Pinkola Estes
En termes "jungiens", la Mère Terre est un miroir de l’archétype de la bonne Mère : la source d’abondance et de protection, d'où le fait que de nombreux peuples dans le monde honorent la Mère Terre.
"Notre Mère à tous", la mère divine, infiniment compatissante et infiniment aimante, Clarissa Pinkola Estes lui a dédié un très beau livre Libérez la femme puissante. Elle évoque les différentes formes qu'elle prend. Parmi elles, la vénérée Notre Dame de Guadalupe et ses paroles prononcées lors de son apparition au Mexique en 1531 (voir ci-dessous) : « Les mots de Notre Dame de Guadalupe sont à mes yeux et aux yeux de beaucoup les plus beaux les plus sublimes, les plus dynamisants que Notre Mère nous ait jamais adressés. »

Bénédiction de Notre Dame de Guadalupe
« Aurais-tu oublié ?
Je suis ta mère.
Tu n’es pas seule. Tu es sous ma protection.
Tout ce dont tu as besoin.
Demande-le-moi.
Ne te fais aucun souci.
Ne suis-je pas là,
Moi qui suis ta mère ?
Aurais-tu oublié ?
Je t’aime, et
Tu es sous ma protection. »
Texte de Clarissa Pinkola Estes