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Psychogénéalogie et transmission transgénérationnelle

Dernière mise à jour : 5 nov. 2023

"Quoi qu'il en soit, tout individu s'inscrit dans une lignée. mais qui dit lignée, dit aussi lignage, héritage et transmission. transmission de quoi, et comment ?" Anne Ancelin–Schützenberger


J'ai découvert le transgénérationnel il y a une dizaine d'années et cela m'a beaucoup aidée. Cette approche me semble essentielle (voire vitale) pour toute personne qui souhaite prendre pleinement la responsabilité de sa vie. Il est d'ailleurs beaucoup question de transgénérationnel dans Femme désirée, femme désirante et Les passeuses d'histoires de Danièle Flaumenbaum, deux ouvrages choisis en complément du Fil Rouge, tant ils me semblent libérateurs.


Je vous propose dans cet article une exploration dans les transmissions invisibles à travers l'oeuvre et la pensée d'Anne Ancelin–Schützenberger, psychothérapeute, groupe-analyste et psychodramatiste de renommée internationale, professeure émérite à l’Université de Nice, et créatrice de la psychogénéalogie. Les citations mentionnées sont issues des la lecture des ouvrages Petits exercices de psychogénéalogie, Psychogénéalogie et Le plaisir de Vivre (cités en bas de page). À vous de voir si cela résonne pour vous. En fin d'article, vous trouverez des ressources, notamment le podcast Psycho-généealogie et Cie qui explique de manière pédagogique cette approche (je vous conseille particulièrement l'épisode sur la transmission du féminin).

Transmission conciente et insconsciente


"L'intergénérationnel est ce qui se passe entre les générations, de leur vivant de façon clairement dite ou évidente. Par exemple, un notaire transmet sa charge à l'un de ses enfants, ou un médecin transmet sa clientèle à celui de ses enfants qui reprend son cabinet. On transmettait aussi autrefois des manières d'être ou de faire, par exemple de femme à femme (recettes...)." A A-S "Le transgénérationnel est comme une "patate chaude" qu'on se passe demain en main et de génération en génération. Elle brûle toutes les mains par lesquelles elle passe. (...) Les répétitions inconscientes transgénérationnelles, sont des choses qu'on véhicule de son histoire sans savoir quand les véhicule. on les répète surtout quand elles sont difficiles, jusqu'à ce qu'elle soient retravaillées, éclaircies." A A-S


De quoi s'agit-il ?


"Nous héritons tous et toutes d’un “sac de nœuds” composé d’histoires, de drames, de deuils non résolus. Nos grands-parents ou nos parents ont parfois essayé, “pour notre bien”, de nous protéger quand nous étions enfants en ne nous disant rien de ces traumatismes. " A A-S


La psychogénéalogie est l’exploration des liens transgénérationnels dans la famille d’une personne. "Elle met en évidence une forme de loyauté invisible qui nous pousse à répéter consciemment ou inconsciemment des situations ou évènements agréables ou douloureux du passé de nos aïeux. Elle s'appuie sur la psychanalyse étendue aux liens transgénérationnels et sur la technique du génosociogramme, représentation graphique de l’arbre généalogique qui permet d’identifier l’origine des dysfonctionnements de la personne liés au système familial. On y note toutes les répétitions concernant les prénoms, les métiers, les maladies, les dates de naissance similaires, les liens et faits de vie importants. " A A-S Anne Ancelin Schützenberger interviewée par Patrice Van Eersel et Catherine Maillard témoignait dans le livre "J'ai mal à mes ancêtres" : "Répéter les mêmes faits, les dates ou les âges qui ont fait le "roman familial" de notre lignée est une manière pour nous d'être fidèles à nos parents, grands-parents et ancêtres, et donc à leurs faits, gestes et tragédies, une façon de poursuivre la tradition familiale et de vivre en conformité avec elle. C'est cette loyauté qui pousse un enfant à rater l'examen que son père n'a jamais réussi à passer, dans le désir inconscient de ne pas s'élever au-dessus de lui. Ou à rester luthier de père en fils, notaire, boulanger, ou médecin. Ou, pour les femmes d'une même lignée, à se marier à dix-huit ans pour donner naissance à trois enfants, et si possible à des filles... ou à des fils seulement."


La psychogénéalogie a été créée dans les années 1970 par Anne Ancelin–Schützenberger (1919-2018) à partir des travaux de Jung, Moreno, Dolto, Rogers et quelques autres.

Anne Ancelin–Schützenberger dit avoir commencé à s'intéresser au transgénérationnel grâce à une remarque de Françoise Dolto : "Dans une maison, disait-elle, les chiens et les enfants savent tout, surtout ce qui n'est pas dit." (Françoise Dolto a été son analyste pendant des années). Vous pouvez écouter cette femme extraordinaire parler de sa vie et de son oeuvre (2011).


Et si la transmission, c'était juste une histoire de poupées russes ? Un beau texte d'Amandine Lagarde sur cette page qui recueille des textes sur la transmission de mères à filles, au sens large.



La psychogénéalogie, un outil de libération


"Grâce à la psychogénéalogie, on peut poser les bonnes questions à son entourage et à soi-même trouver ce que l'on cherche vraiment et qui est au fond de soi." A A-S

"La psychogénéalogie permet de se réapproprier son histoire personnelle et familiale, de mieux s'inscrire dans ligne et une légende, et de mettre de l'ordre dans le « chantier » laissé par nos anciens. " "C'est un outil puissant de libération des traumatismes ancestraux et des pièges de l’inconscient familial. Elle redonne la capacité de faire des choix." A A-S


"La psychogénéalogie est un art et une science. c'est une démarche qui nous permet de comprendre et d'utiliser au mieux notre héritage psychique, ou si besoin est, de le transformer. Elle peut aussi servir de fil directeur pour comprendre sa vie, ses choix professionnels et personnels, éclairer son chemin sans qu’il soit forcément question de traumatisme. " A A-S


"Comme tout travail sur soi, la psychogénéalogie génère une prise de liberté par rapport à soi-même, à sa famille, à son milieu, et aux autres membres du groupe social. Cette liberté implique des changements, pour la personne elle-même, mais aussi, par contrecoup, pour les autres. Le système familial et social s’en trouve quelquefois déstabilisé et ne comprend plus, Renâcle ou frêne : « qu'est-ce qui t'arrive? » ; « on ne te reconnaît plus. » l'entourage « rêve » alors que tout redevienne « comme avant », et se met à freiner et décourager toute velléité de changement. Car tout changement remet en question les habitudes, bonnes ou mauvaises." A A-S

Vivre sa vie à soi

"La psychogénéalogie, c'est d'abord assumer le passé, mais c'est aussi butiner dans le jardin familial pour en faire son miel." A A-S

"Il me semble que la seule liberté qu’on ait, c'est de répéter inconsciemment ou de choisir consciemment de répéter ou de se distancier de ce qui a été fait et non fait par nos ancêtres... Si on ne comprend pas son histoire et dans quoi elle s'inscrit, on n’est pas libre." A A-S "Notre intérêt à chacun est de trouver une réponse qui nous soit spécifique, personnelle, et non pas identique ou opposée. L’identique ou l'oppose, ce n'est pas la liberté. La liberté, qui permet de couper le cordon ombilical et par conséquent d'être adulte, c'est celle de son choix à soi. " A A-S "La psychogénéalogie ouvre des possibles : maintenir les loyautés qui nous conviennent ; faire émerger tout ce qui a pu être joyeux, honorable, agréable et paisible ; déposer le fardeau des erreurs, souffrances, plaies et fautes du passé ; accepter qu'il peut y avoir du mauvais, des hontes et des non-dits, des drames non résolus dans notre famille, des pertes impossibles à admettre, et prendre avec recul tout cela pour vivre, enfin, sa vie à soi." A A-S


"En langage courant, ceci signifie que nous sommes un maillon dans la chaîne des générations et que nous avons parfois, curieusement, à « payer les dettes » du passé de nos aïeux. C'est une sorte de « loyauté invisible » qui nous pousse à répéter, que nous le voulions ou non, que nous le sachions ou pas, des situations agréables ou des événements douloureux. Nous sommes moins libres que nous le croyons, mais nous avons la possibilité de reconquérir notre liberté et de sortir du destin répétitif de notre histoire, en comprenant les liens complexes qui se sont tissés dans notre famille." A A-S


Une approche originale


"La spécificité et donc la puissance du travail d’Anne Ancelin Schützenberger tiennent à son attention particulière au contexte. Les phénomènes et situations sont saisis dans leur système, dans leur contexte familial, historique, économique, culturel, national et psycho historique.

La richesse de son approche tient à la variété de ses éclairages : psychologie, psychanalyse, psychologie sociale, anthropologie culturelle, thérapie familiale et communication non verbale (langage du corps et utilisation de l’espace “corps, espace, temps”)" selon cette biographie.


Pour commencer à y voir plus clair


Pour toute personne n'ayant pas encore fait un travail de psychogénéalogie, Exercices pratiques de psychogénéalogie est un petit livre introductif de 100 pages que je vous conseille. Il est un bon préambule à Psychogénalogie (300 pages).


Voici ce petit livre d'exercices présenté par son auteure, Anne Ancelin-Schützenberger :

"J'ai conçu ce livre comme un petit guide de poche pour vous rappeler succinctement comment débroussailler votre histoire familiale. C'est la première fois que je donne sous cette forme très ramassée, le plus simplement et le plus concrètement possible, l'essentiel de mes idées et des théories scientifiques sur lesquelles je m'appuie. Les premiers chapitres sont consacrés à chacun des cinq principes de base de la psychogénéalogie. Dans les chapitres suivants, vous apprendrez à utiliser vous-même les deux outils essentiels de cette approche l'atome social et le génosociogramme ; un chapitre traite du choix du matériel et un autre des bonnes adresses ; enfin, j'ai listé dans une bibliographie les 20 livres que j'estime devoir absolument être lus." A A-S


Ouvrages d'Anne Ancelin-Schützenberger

Le plaisir de vivre (sa vie, son oeuvre) Sortir du deuil co-écrit avec Evelyne Bissone Jeufroy

Ces enfants malades de leurs parents co-écrit avec Ghislain Devroede


Aïe, mes aïeux ! - Desclée de Brouwer (best seller, 350000 exemplaires vendus) Anne Ancelin–Schützenberger © Marie-Claude Bonnet-Thierry


Quelques références complémentaires :

Hommage sous forme de biographie rendu à Anne Ancelin-Schützenberger

Guérir de sa famille et enfin vivre sa vie, Les bienfaits de la psychogénéalogie de Michèle Bromet-Camou

Jardin d'idées : association de recherches pluridisciplinaires fondé en 1999 autour des travaux de Didier Dumas et Danièle Flaumenbaum sur la sexualité, l’œuvre de Françoise Dolto et la psychanalyse transgénérationnelle associées à d'autres approches comme le chamanisme, la neurologie, les sciences cognitives ainsi que des savoirs anciens sur l’esprit, grecs, taoïstes ou bibliques (qui sont tous transgénérationnels). Causeries en écoute gratuite du Jardin d'idées Les fantômes familiaux de Bruno Clavier - Payot

Ces enfants qui veulent guérir leurs parents de Bruno Clavier - Payot


« Si la psychogénéalogie a eu le mérite d’apporter un éclairage fondamental sur l’importance des traumatismes et des conflits affectifs de nos ancêtres dans notre constitution psychique, la psychanalyse transgénérationnelle nous rappelle la dimension inconsciente que nous partageons avec eux, en nous montrant à quel point nous sommes tributaires de la façon dont ils ont vécu ces traumatismes… » B. Clavier. À écouter ! Podcast : Psychogénéalogie et compagnie de Sophie Duverne, psychogénéalogiste : Projet-sens, tâches inachevées, syndrôme d'anniversaire, secrets et loyautés familiales, transmissions invisibles, place dans la fratrie, enfant de remplacement, transmission du deuil, du féminin...

Radio : série de 5 émissions sur France culture autour de Danièle Flaumenbaum (octobre 2018)

Radio : série de 5 émissions sur France culture autour de la psycho-généalogie (2004-rediffusion nov 2022)


"Oser pour une femme, c'est aussi oser secouer l'histoire des femmes inscrites dans l'histoire du monde ! La transmission transgénérationnelle, si elle est une étude des transmissions familiales qui ont eu lieu sur trois, cinq ou sept générations, n'occulte pas bien sûr la transmission historique et culturelle. Nous, femmes, revenons de loin... Il y a si peu de temps que nous sommes reconnues comme pouvant "prendre une place", du moins au devant de la scène, car la place d'à côté, près de l'homme, nous l'avions depuis longtemps. Or, à côté des grands hommes, il y avait si souvent une femme ! Une femme qui aimait, soutenait". Michèle Bromet-Camou, élève d'A A-S

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